Je suis tombée dans la drogue à 14 ans, puis je me suis battue contre ma bipolarité. Le pire, ce n’est pas de toucher le fond, c’est de rester seule noyée dans sa souffrance. Les mains tendues m’ont sauvée.
J’ai été livrée à moi-même très jeune et à l’adolescence j’ai complètement déconné.
A 15 ans j’ai commencé la drogue dure. Puis j’ai fait une première dépression et on m’a diagnostiquée bipolaire.
Pendant des années, j’ai enchaîné séjours en psychiatrie, troubles alimentaires, cures et rechutes. Ma vie était chaotique.
J’étais perdue, donc les hommes qui partageaient ma vie étaient mes repères. Quand mes relations s’effondraient, il ne me restait que la drogue comme refuge.
Un jour, alors que je parlais de mes addictions, on m’a conseillé de rencontrer Mélodie qui vit en colocation solidaire à Lazare et qui a une histoire similaire. Ça a été le déclic pour fuir ma relation toxique qui durait depuis 10 ans.
Quand je suis arrivée à Lazare, l’appréhension a laissé place à un soulagement immense ! Mes colocs avaient mis des fleurs devant ma porte, avec plein de petits mots. Je me suis tout de suite sentie acceptée. J’ai un petit studio, mais je me sens enfin chez moi !
Ici je ne fais pas la différence entre ceux qui ont connu la galère et les autres. J’ai un côté très sauvage mais maintenant quand je passe deux soirées de suite seule ça me pèse. Quand ma mère est venue me voir à la coloc, elle était très heureuse de me voir entourée de personnes attentives à ma fragilité !
Depuis 9 mois je suis sevrée pour la drogue, je ne souffre plus de TCA et ma bipolarité est stabilisée. Il y a des jours où ça va et d’autres pas. On ne sait jamais quand on est arrivé.
Depuis 10 ans je me bats pour m’intégrer dans une société où la fragilité est rarement acceptée. C’est grâce à ma formation en naturopathie que j’ai réussi à aller mieux. On pense souvent que les personnes qui ont des maladies psychiatriques sont condamnées à vie, mais il existe plein de solutions !
J’ai aussi rencontré Axel, qui est “patient expert” pour Lazare : il a battu son addiction et maintenant il aide d’autres personnes à s’en sortir. Ça m’a donné envie de faire pareil.
Mon histoire m’a appris que chaque faille est un espace qui laisse passer la lumière, une opportunité de se connaître et de s’accepter.
Morgane, coloc à Nantes